Paris

FESTIVAL ROSSINI

Jean-Christophe Spinosi direction
Moshe Leiser, Patrice Caurier mise en scène
Christian Fenouillat décors
Agostino Cavalca costumes
Christophe Forey lumières

John Osborn Otello
Cecilia Bartoli Desdemona
Edgardo Rocha Rodrigo
Barry Banks Iago
Peter Kalman Elmiro
Liliana Nikiteanu Emilia
Nicola Pamio Le Doge
Enguerrand De Hys Un gondolier

Ensemble Matheus
Chœur du Théâtre des Champs-Elysées

Second d’une série d’ouvrages composés pour Naples par Rossini et considéré comme l’un des sommets des opere serie du compositeur, Otello doit son livret au Marquis Francesco Berio du Salsa. L’ouvrage, créé le 4 décembre 1816, s’écarte volontairement de Shakespeare et s’appuie sur des adaptations contemporaines. Au-delà des éléments géographiques (l’action ne se déroule plus à Venise, mais à Chypre et pour cette production dans l’Italie du début des années 1960), c’est surtout dans le traitement psychologique des personnages que l’opéra de Rossini diffère de la pièce originale : le rôle de Iago perd de son importance et est moins diabolique, alors que sont introduits celui d’Elmiro, le père de Desdemona, et surtout la dimension de « racisme » dont souffre Otello (très « édulcorée » chez Boïto et Verdi plus tard). Musicalement, la priorité donnée aux ensembles sur les airs (et cela malgré la nécessaire présence de trois ténors exceptionnels) et plus encore l’orchestration pour la première fois des récitatifs chez Rossini achèvent de conférer à l’ouvrage une grandeur et une profonde originalité. Immense succès à travers toute l’Europe toute au long du XIXe siècle, la création de la version éponyme de Verdi, soixante-dix ans plus tard, le fit progressivement disparaitre de la scène jusqu’à son grand retour triomphal dans les années 1980.

Outre donc la rareté de l’ouvrage sur les scènes françaises, l’événement de cette production signée par le brillant duo Moshe Leiser et Patrice Caurier, et créée il y a deux saisons à l’Opéra de Zurich, est également la présence de Cecilia Bartoli dans le rôle-titre féminin. Une presque Première scénique parisienne pour la diva romaine si l’on excepte un espiègle Chérubin il y a près de vingt ans à l’Opéra de Paris. Après tant de grands récitals sur cette scène, elle devrait, aux côtés du ténor américain John Osborn, illuminer quelques-unes des soirées lyriques du printemps 2014.